mercredi 23 mars 2011

Côte d’Ivoire : tension, déplacements de population, souffrances inouïes

 La situation actuelle en Côte d’Ivoire est tendue comme jamais et les populations cherchent à se protéger des tirs nourris des belligérants en se rendant en masse vers des zones plus sûres. Les églises tentent de venir en aide aux personnes déplacées.
Rebellion

Les «Forces nouvelles» qui auraient dû être désarmées comme prévu dans les accords de Marcoussis, s’infiltrent dans tout le territoire, lancent des attaques de partout pour tenter de renverser le Président Laurent Gbagbo. A présent, l’autre camp - pro-Gbagbo - cherche à enrôler sa jeunesse dans l’armée régulière : la crise s’aggrave d’un cran.
Guerre de religion ?
Selon le secrétaire général de l'UEESO-CI, le pasteur Loh Michel, le conflit ivoirien n’oppose pas pour autant chrétiens et musulmans, quand bien même des chrétiens accusés d’être pro-Gbagbo ont été bel et bien par endroits victimes d’attaques ciblées (il ne se passe pas un jour sans qu’on apprenne que des personnes ont été égorgées ou abattues).
Les autorités musulmanes prônent la paix et la coexistence pacifique entre Ivoiriens quelles que soient leur origine et leur religion : selon le quotidien «Le Patriote», l’Association des Musulmans Sunnites en Côte d’Ivoire (AMSCI) et le Conseil des Imams Sunnites (CODIS) appellent les protagonistes à la paix et la conciliation : ils ne veulent pas «transposer cette crise qui est d’essence politique dans la sphère religieuse» et veulent «éviter d’engager notre pays dans un conflit ethno-religieux». Elles entendent «maintenir avec toutes les autres communautés religieuses du pays des relations de solidarité, de fraternité et d’unité en vue de barrer la route aux démons de la haine et de la division. Que le Seigneur Tout Puissant veille sur notre pays et lui permette de retrouver au plus vite la paix et le bonheur.»
Mesures graves
Pour obtenir le départ du président sortant Laurent Gbagbo, l’Union Européenne (UE) a pris la décision de fermer les banques et d’infliger à la Côte d’Ivoire un embargo sur les bateaux à destination de ce pays y compris ceux transportant des médicaments. Ces mesures sont inhumaines, dénonce l’évêque méthodiste Benjamin Boni, d’autant plus qu’elles ont de graves conséquences économiques et sociales sur la population avant d’ajouter que « nul n’a le droit d’ôter la vie à quiconque ». La ministre de la Santé Publique, Christine Adjobi, a dénombré le 7 mars, « 24 décès » pour la période de janvier à février chez les personnes dialysées. Médecins Sans Frontières (MSF) reproche à « la communauté internationale (…) les ruptures d’approvisionnement en médicaments et matériel médical ».  Le syndicat, le SYNACASCI (Syndicat National des Cadres de la Santé), menace de poursuivre l’OMS et l’UE (Union Européenne) devant les tribunaux pour « crime contre l’humanité ».
Pour l'instant les importations de nourriture (le blé, etc. ...) ne font pas défaut, mais le coût de la vie ne cesse de grimper : avec la pénurie du gaz, du charbon de bois et des denrées alimentaires..., le prix des produits de base passe du simple au double, voire au triple. Les tickets de transport flambent en raison du manque de véhicules.
Témoignages
Deux membres de l’Eglise méthodiste unie de Colombes (92) ont perdu des proches dans cette guerre civile qui ne dit pas son nom et qui déchire actuellement la Côte d’Ivoire.
Un membre a perdu l’aîné de ses fils. Caporal-chef dans l’armée, il avait 36 ans ; parti au front, il avait pris sa garde, puis à la fin de sa garde, il s’est retiré sur le côté pour se recueillir peu avant d’être abattu depuis des buissons. Il laisse 5 enfants. Sa mère se montre bien courageuse, sa foi la soutient : « tout ce que Dieu fait est bon, que ce soit dans l’allégresse ou la tristesse. J’ai déjà pardonné, sachant que je suis moi-même une pécheresse. Je ne tisse pas la haine, je ne suis pas comme ça, je tends toujours la main » en citant un proverbe ivoirien « la langue et les dents sont dans la même bouche ». « Je prends les gens tels qu’ils sont ».
Le cousin de l’autre membre a été tué et brûlé à Abobo, quartier tenu par les rebelles et sillonné par le ‘commando invisible’ de Ouattara. Il était infirmier, 57 ans, il laisse 7 enfants. Apparemment, ils avaient dû quitter la maison d’Abobo pour fuir hors du quartier. Il a cherché à y revenir pour y reprendre des vêtements, à bord de son ambulance. Arrêté par un contrôle, les rebelles se sont ensuite emparés de lui et l’ont emmené attaché, ils l’ont égorgé avant de brûler son corps avec un pneu autour du cou. Ses restes calcinés ont été retrouvés ensuite par la famille. Ce membre d’église touché par ce deuil reste paisible et ne cultive pas la haine, même si son chagrin est immense.

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