jeudi 17 mars 2011

Laurent Gbagbo: Un discours « indiscourable »

On ne sait plus ce qu’il faut penser ou écrire à propos de cette Côte d’Ivoire. Après le coup d’Etat électoral perpétré par Laurent Koudou Gbagbo suite à sa défaite à l’issue du second tour de la présidentielle, tout ou presque a été tenté pour lui faire lâcher prise. En vain jusque-là.

En effet, ni les sanctions politico-diplomatiques, ni la stratégie d’asphyxie financière, ni la menace d’invasion militaire, pas même les multiples réunions et médiations entreprises jusque-là ne sont pas parvenues à lui faire entendre raison.

Dernière tentative en date, le panel des chefs d’Etat mis en place début janvier pour trouver une issue négociée à la crise. Là aussi, les bonnes volontés sont allées se noyer comme les initiatives précédentes dans la lagune Ebrié, puisque le locataire illégitime du palais de Cocody est toujours resté sourd aux suppliques et aux imprécations.

Laurent Gbagbo avait portant promis depuis 72 heures de s’adresser solennellement à la Nation après le verdict du panel. Jusqu’à hier, au moment où on traçait ces lignes, on attendait encore cet indicible discours, ce discours « indiscourable » comme qui dirait.

Mais on se perdait donc en conjectures sur le contenu probable de cette allocution. Va-t-il enfin écouter la voix de la raison en rendant un pouvoir indûment arraché ? Va-t-il s’arc-bouter davantage sur son fauteuil en tenant un propos guerrier ?

En réalité, nombre d’observateurs de la scène politique ivoirienne penche pour la seconde hypothèse même s’il n’est pas interdit de penser qu’une voix providentielle lui souffle la sagesse.

Car autrement, la Côte d’Ivoire fera un pas de plus dans sa marche résolue vers le chaos, puisqu’en fait, les prémices d’une reprise de la guerre civile sont là : affrontements entre les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les Forces armées des Forces nouvelles (FAFN) dans l’Ouest. Sans oublier le fameux commando invisible dont l’homme sans visage ne serait autre que le sergent-chef Ibrahim Coulibaly, dit IB, qui donne du fil à retordre aux soldats loyalistes à l’intérieur même d’Abidjan.

En effet, de la commune d’Abobo, par petites frappes successives, ces mystérieux combattants sont en train de s’approcher du cœur du pouvoir. La présence du commando est signalée à Yopougon, à Port-Bouët, à Treichville…

Pendant donc que Gbagbo se fait désirer, à moins qu’il ne soit entré en laboratoire pour peaufiner son allocution dont les mots doivent être pesés et soupesés, c’est plutôt Alassane Dramane Ouattara (ADO) qu’on a entendu mardi dernier s’adresser aux Ivoiriens. Un ADO qui a certes la communauté internationale avec lui, mais qui n’a pas la réalité du pouvoir, puisqu’il ronge son frein à l’hôtel du Golf en attendant de s’installer dans le fauteuil que l’enfant terrible de Mama aura quitté de gré ou de force.

Dans son intervention, le président élu de Côte d’Ivoire a invité les forces vives de la Nation à s’engager pour la paix. Aux forces armées il a lancé cette phrase : « Militaires, gendarmes, policiers, éléments des forces paramilitaires, que vous soyez officiers généraux, officiers supérieurs, officiers, sous-officiers, militaires du rang : il n’est pas tard, mettez- vous à la disposition de la patrie en appuyant la volonté du peuple ».

Pour Laurent Gbagbo, il a eu ces mots : « Il doit comprendre qu’il s’agit là, pour lui-même et pour ses proches, de la dernière chance pour une sortie pacifique et honorable. Sa responsabilité est personnellement engagée ». Les membres du Conseil constitutionnel n’ont pas été oubliés : « L’occasion vous est donnée de vous racheter et de participer à la réconciliation des Ivoiriens que vous avez divisés ».

Est-ce qu’ADO sera entendu ou est-il en train de prêcher dans le désert pour ne pas dire dans la forêt ivoirienne ? On le saura certainement quand Gbagbo se décidera à parler, à moins que ce ne soit déjà fait au moment où vous nous lisez.

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