lundi 21 mars 2011

Recours à la force militaire contre la dictature - Pourquoi la Libye et pas la Côte d’Ivoire ?

Il y a urgence et urgence. Il y a des morts et des morts. L'occident donneur de leçon de démocratie, de bonne gouvernance, de bonne moralité et que sais-je encore, a donc choisi. Entre les Africains du nord qui ont la peau blanche et les Africains du sud du Sahara à la peau noire, ils ont opéré un choix clair, incontestable et rapide. Que meurent par milliers les nègres, mais pas question de laisser un seul blanc tomber sous les balles assassines d'un Ben Ali, Moubarak ou de Kadhafi. Tel est l'amer constat qui s'étale sous les yeux du peuple ivoirien éploré, martyrisé, pilonné, assassiné, violé et humilié depuis dix ans.
En effet, depuis l'avènement des refondateurs au sommet de l'Etat, est-il besoin de dire que les citoyens de la belle Eburnie tombent régulièrement sous les balles des killers de Gbagbo Laurent, pour un oui ou pour un non ? Jamais un régime dictatorial n'a bénéficié d'autant de compréhension, de circonspections, de circonstances atténuantes imaginaires et de sollicitudes bienveillantes. Et, d'excuse en excuse, le bilan en tuerie de Laurent Gbagbo a allègrement dépassé les 2000 victimes tuées, sans que la communauté internationale ne trouve matière à indignation. Elle aime tellement le peuple ivoirien qu'elle préfère le voir mourir à petit feu, par dizaine chaque jour.
Le cas de la Côte d'Ivoire est choquant et moralement inacceptable d'autant plus que ce pays est placé sous les projecteurs depuis de nombreuses années, avec une présence significative de troupes et d'observateurs, en tous genres, des Nations Unies sur le territoire national. Des sommes d'argent considérables destinées à l'entretien de tout ce beau monde et à quelques œuvres sociales, y sont englouties annuellement, tout comme des centaines de discours et résolutions platoniques y sont consacrées. Résultat, le cas ivoirien est toujours à la case départ avec une perspective de paix toujours improbable. Car, dans l'état actuel des choses, on voit mal par quel miracle la légalité républicaine pourra s'installer dans les pratiques politiques des fils de ce pays qui n'en peuvent plus, mais… Gbagbo est le plus fort, qu'à cela ne tienne !
Depuis l'organisation du scrutin présidentiel qui a vu l'élection démocratique, avec un taux de participation jamais égalé nulle part en Afrique, sinon en occident, d'Alassane Dramane Ouattara, le pays est plongé dans un chaos indescriptible à cause du refus armé du président sortant battu dans les urnes. Malgré la volonté du peuple exprimée nettement, la victoire du candidat du RHDP est toujours confisquée par Gbagbo Laurent qui se targue, avec raison, de connaitre le fonctionnement de la communauté internationale, surtout de l'Occident qui aboie mais ne mord que rarement lorsqu'il s'agit de l'Afrique noire. Malheureusement, les faits lui donnent raison. Sinon, comment expliquer que le soutien unanime manifesté par la communauté internationale à Alassane Ouattara, reste sans effet, que Gbagbo Laurent continue de siéger au palais présidentiel en faisant massacrer par les FDS tribales, les miliciens et mercenaires angolo-libériens à la solde du quarteron d'officiers supérieurs à lui fidèles ? Gbagbo Laurent qui a passé une vie à planifier et programmer sa permanence au pouvoir pour, au moins 30 ans, par les bonnes ou les mauvaises manières, en fin de compte, est le seul dans ce concert de pleureurs hypocrites, à savoir exactement où il veut mener son monde avec les moyens qui lui sont propres. La reconnaissance instantanée de l'élection démocratique du Dr Alassane Ouattara, en fait, a servi de leitmotiv pour ladite communauté internationale pour se laver les mains et se retirer en catimini de la crise ivoirienne en abandonnant les Ivoiriens à leur sort après les avoir encouragés à braver l'outrecuidance de Gbagbo Laurent. Lesquels Ivoiriens sont comme ces soldats qui croyant à la bonne foi de l'ennemi à respecter les conventions internationales, agitent le drapeau blanc et sortent de leurs cachettes en signe de reddition, mais qui, une fois à découverts, sont fauchés par les mitrailleuses adverses.
Aujourd'hui, les Ivoiriens qui avaient cru en la bonté du concert des nations en allant voter massivement et en portant majoritairement leur choix sur Alassane Ouattara, constatent, sans y croire, qu'ils sont les dindons de la farce. L'UA, l'UE, l'ONU, la France, les Etats-Unis, la Grande Bretagne, le Canada etc., jouant au Ponce-Pilate, les ont conduits devant le boucher de la lagune Ebrié en s'en lavant les mains. La reconnaissance tonitruante de la victoire limpide du candidat du RHDP, est restée sans suite pratique. Gbagbo Laurent narguant le monde entier, n'a reçu pour blâme que quelques sanctions ridicules pour lui et son clan, le peuple étant le seul et vrai destinataire des effets terribles des sanctions économiques décrétées. N'est-ce pas lui, qui ne pouvant plus accéder aux banques pour prendre possession de ses maigres épargnes, ne sait plus à quel saint se vouer pour s'offrir un repas quotidien ? N'est-ce pas lui qui meurt, faute de soins, de carence de médicaments ? En quoi le gel des avoirs et l'interdiction de visa qui frappent les barons de la refondation, peuvent-ils remplir les marmites vides des populations qui crient famine ? L'absence de gaz butane dans le commerce dont il souffre, affecte-t-elle également les privilégiés sanctionnés ? Le fait que les enfants du peuple ne peuvent plus fréquenter l'école sur tout le territoire national, empêche-t-il ceux des riches du clan Gbagbo de fréquenter les bonnes et grandes Ecoles en occident et préparer sans entrave leur avenir ? Pourquoi la communauté internationale conséquente, n'interdit pas l'octroi de visa à ces enfants des refondateurs, voire les rapatrier en Côte d'Ivoire pour subir le même sort que les fils du citoyen lambda ? Pourquoi ?
Ces ressentiments, loin d'être de vaines imprécations, reflètent l'état d'esprit des Ivoiriens qui ont cru à la démocratie et en la bonté de la communauté internationale pilotée par les grandes nations occidentales qui dirigent selon leur bon vouloir, le village global planétaire. Pourquoi, les Ivoiriens qui avaient voté pour Alassane Dramane Ouattara dans l'enthousiasme, avec l'assurance que les grands de ce monde présents dans le pays pour les accompagner à la sortie de crise les protégeront, sont-ils abandonnés par ceux-là mêmes qui les avaient soutenus, alors que Gbagbo les massacre journellement ? Pourquoi ayant commencé notre révolution démocratique, (à travers les urnes) avant nos frères de Tunisie, d'Egypte et de Lybie, c'est eux qui sont oubliés et jetés dans les griffes du tyran ? Pourquoi l'Occident s'est-il autosaisi de la question libyenne et, passant outre les réticences des puissances non démocratiques comme la Russie et la Chine, ont adopté et appliqué immédiatement des sanctions contre le colonel Kadhafi ? Pourquoi ces puissances n'ont-elles pas recommandé la sagesse et la patience au dirigeant et au peuple libyen et, sont passés directement à l'acte ? Pourquoi Sarkozy qui s'est fait le champion en Lybie, hésite-t-il en Côte d'Ivoire et laisse tuer atrocement femmes et enfants en aboyant comme un petit roquet ? Pourquoi la Russie et la Chine qui outrepassent tous les vetos lorsqu'il s'agit de leurs intérêts, en Tchétchénie et au Tibet, par exemples, s'opposent-elles à l'usage de la force en Côte d'Ivoire alors que les populations y sont massacrées avec des obus et autres orgues de Staline ? Faut-il que Gbagbo Laurent assassine des ressortissants européens, américains afin que ces grands pays se décident enfin à rétablir l'ordre et la légalité ici ? La vie d'un Ivoirien qui est détruite par un obus, des femmes tuées ou violées, des religieux enlevés et trucidés, des ressortissants de la sous-région brûlés vifs etc., est-elle moins précieuse ? 
Après un tel constat d'injustice flagrante, de la politique de deux poids deux mesures, les partisans du président démocratiquement élu le 28 novembre dernier, l'économiste émérite Alassane Dramane Ouattara, sont en droit d'exiger le départ de l'ONUCI qui est venue ici pour seulement compter les morts, et d'exiger de l'UE, de la France et des Etats-Unis d'Amérique de ne plus les soutenir, de reconnaitre et accepter la forfaiture de Laurent Gbagbo sans état d'âme. Ce faisant, la majorité qui a élu Alassane Ouattara est sûre que sa tragédie sera arrêtée, car, le tyran Gbagbo aura besoin de leurs bras pour travailler afin de l'enrichir davantage. On ne tue pas les esclaves. Naturellement, avec de tels préjugés, l'Occident, donneur de leçon, est contre toute forme de discrimination, pire, il prétend que tous les peuples sont égaux, les noirs exclus.

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