mardi 19 avril 2011

Côte d'Ivoire: Appel à la Paix et à la Réconciliation

La crise ivoirienne a connu un dénouement spectaculaire. Les troupes de Mr. Ouattara, soutenues par l'ONU et la France, ont pris le contrôle de l'appareil administratif, économique, et militaire de la Côte d’Ivoire. Ce faisant, elles ont déposé et emprisonné Mr. Gbagbo et un grand nombre de ses proches collaborateurs. Elles ont également  établi Mr. Ouattara comme Président.
L’expérience nous enseigne que lorsque l’un des protagnonistes dans un conflit de cette magnitude remporte une victoire totale, ses partisans tendent à exercer des représailles sur les perdants. La Côte d’Ivoire n’échappera pas à cette loi, car les partisans de Mr. Gbagbo subissent déjà tout genre d’exactions dans les rues du pays.
Si Mr. Ouattara ne joint pas le geste à son appel au calme, la situation risque de dégénérer au point où des milices incontrôlées s’entretueront dans la rue. A terme nous pourrions bien nous retrouver dans une situation identique au Rwanda ou au Burundi des années 90.
C’est pourquoi j’appelle les Ivoiriens et amis de la Côte d’Ivoire à faire la paix et à oeuvrer à la réconciliation.
Pour y arriver les Ivoiriens doivent au prealable comprendre que la guerre civile qui les a opposés jusqu’à ce jour est avant tout un conflit politique entre deux idéologies irréconciliables, l’ivoirité et l’houphouètisme.
Le triomphe électoral, diplomatique et militaire de l’houpouètisme ne saurait signifier la mort de l’ivoirité. En fait cette victoire risque fort de calcifier l’ivoirité en un irrédentisme xénophobe et tribaliste semblable au Front National francais, s’il ne lui est plus permis de s’exprimer. Il serait par ailleurs ridicule et meurtrier de penser que l’on puisse purger la Côte d’Ivoire de l’ivoirité en muselant, emprisonnant, et executant ses partisans. Un tel choix constituerait bien un crime contre l’humanité et attiserait encore plus les flammes de la division tribale qui consument déjà ce grand pays.
Aussi est-il souhaitable que Mr. Ouattara encourage la participation du Front Populaire Ivoirien (FPI) de Mr. Gbagbo dans l’echiquier politique ivoirien. Il est tout aussi important que les partisans de cette tendance prennent au sérieux la répudiation de leur idéologie aux urnes et la modifient en conséquence en reconnaissant d’abord Mr. Ouattara comme président.
De plus, Mr. Ouattara devra persuader les partisans de Gbagbo et les siens propres de déposer leurs armes et retourner à la vie civile.
Sous d’autres cieux, cela passe toujours par une amnistie irréversible envers ceux qui pourraient être accusés de crimes de guerre. Cela implique que pour assurer un retour à la paix et la réconciliation nationale, Mr. Ouattara doit offrir la grâce présidentielle à Mr. Gbagbo et ses partisans.  
Sous d’autres cieux, cela exige presque toujours la formation d’un gouvernement d’union nationale entre les partis en conflit sous la présidence du vainqueur. Mr Ouattara aura donc la responsabilité d’organiser un véritable partage du pouvoir entre son Rassemblement des Republicains de Côte d’Ivoire (RPCI) et le Front Populaire Ivoirien (FPI) de Gbagbo. Naturellement, Mr. Gbagbo étant devenu un symbole du conflit soi-même ne saurait participer de près ou de loin à un tel gouvernement sans en entamer la crédibilite nationale et internationale.
Sous d’autres cieux, la paix et la reconciliation demandent que le government donne force a la loi, punisse avec fermeté les malfrats qui seraient tentés de continuer à exercer des représailles sur les partisans du camp oppose. L’administration de Mr. Ouattara  devra faire appel à l’armée, la police et les forces de maintien de la paix de l’ONU, de l’Union Africaine, et de la CEDEAO pour assurer efficacement le maintien de l’ordre.
La reconciliation n’etant possible qu’apres que les victimes aient ete pleinement entendues et que leurs bourreaux  aient reconnus leurs offenses, il sera necessaire de mettre sur pieds une commission vérité et réconciliation du genre qui fit si bien en Afrique du Sud. La commission entendra les plaintes portant sur des faits ayant pris place avant la victoire des forces republicaines. Les conclusions de cette commission ne mèneront pas à des poursuites judiciaires. Elles serviront plutôt de base à une politique de réparations.  
Face à la pression de la France de Sarkhozy et celle de ses propres partisans qui veulent tous la tête de Gbagbo et la suppression de son mouvement politique, Mr.Ouattara devra nous prouver qu’il est un leader de la trempe de Mandela, un président capable d’unifier un pays ou ses partisans et lui-meme ont subi de graves injustices aux mains de ceux qu’ils viennent de vaincre.  
C’est ici aussi que le peuple Ivoirien et leurs amis africains devront choisir de prendre la voie tortueuse de la paix et de la réconciliation plutôt que le chemin balisé de la vengeance.
 L’Afrique a besoin de cette victoire.

Léon-Claude Messi

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...