dimanche 17 avril 2011

Côte d'Ivoire: Ouattara affermit son pouvoir, une semaine après la chute de Gbagbo

Le président ivoirien Alassane Ouattara affermit son pouvoir moins d'une semaine après la chute de Laurent Gbagbo dont le parti rentre dans le rang après l'allégeance des chefs militaires, à la veille d'un test majeur: la reprise du travail dans l'administration.
Dimanche, jour des Rameaux, dans les rues d'Abidjan les habitants étaient plus nombreux à sortir de chez eux. Ils étaient restés cloîtrés pendant dix jours d'une guerre conclue lundi par l'arrestation de l'ex-président Laurent Gbagbo par les Forces républicaines (FRCI) de M.
Ouattara, appuyées 
par la France et l'ONU.
"Il y a beaucoup de personnes dans les rues et dans les églises, notamment des enfants. Il y a plus de circulation, de petits commerces sont ouverts. La situation est de plus en plus normale, même si elle ne l'est pas complètement", a témoigné un habitant du quartier de Koumassi (sud).
La journée de lundi devrait être cruciale pour le nouveau pouvoir qui a appelé les fonctionnaires à reprendre "impérativement" le travail ce jour-là. Les enseignants devront par exemple préparer la rentrée des classes prévue officiellement le 26 avril.
Samedi soir, le Front populaire ivoirien (FPI), le parti de M. Gbagbo, a pris acte de la nouvelle donne et appelé à "arrêter la guerre" et "l'escalade de la violence", notamment dans le quartier de Yopougon (ouest). Ce quartier pro-Gbagbo n'est pas encore totalement maîtrisé par les FRCI, qui y affrontent toujours des milices.
Les FRCI procèdent encore à des arrestations, souvent sans ménagement, d'hommes soupçonnés d'être des miliciens pro-Gbagbo.
Samedi à Yopougon, des journalistes de l'AFP ont vu une trentaine d'hommes torse nu récemment arrêtés, assis les uns à côté des autres dans l'ancien local de vidange d'une station-service, dans une chaleur étouffante.
"Nous devons arrêter l'escalade de la violence et de la déchéance", a déclaré le président du FPI Pascal Affi N'Guessan, accompagné de l'ex-ministre des Affaires étrangères de M. Gbagbo, Alcide Djédjé.
M. Affi a prôné la "réconciliation" avec le camp Ouattara et appelé le nouveau régime à mettre fin aux "arrestation arbitraires" et à libérer les personnes arrêtées, dont M. Gbagbo afin qu'il prenne "part à la réconciliation nationale".
Près de cinq mois de crise post-électorale ont fait près de 900 morts selon les Nations unies.
L'ex-président ivoirien a été placé mercredi en résidence surveillée dans le nord du pays. Selon M. Djédjé, il se trouve à Korhogo, la grande ville de la région et fief d'Alassane Ouattara. Simone Gbagbo, épouse du président déchu, demeure au Golf hôtel, le QG de M. Ouattara et de son équipe depuis fin novembre.
Le gouvernement a libéré samedi près de 70 personnes, membres de la famille et employés de maison de M. Gbagbo, qui avaient été arrêtées lundi avec lui dans la résidence présidentielle et étaient détenues depuis au "Golf".
Dans son QG qu'il ne pourra quitter avant plusieurs semaines --le temps de remettre en état et sécuriser le palais présidentiel où quelque 500 roquettes ont été découvertes dans les sous-sols--, Alassane Ouattara a obtenu ces derniers jours l'allégeance des principaux chefs de l'armée et des forces de sécurité de l'ancien régime.
Les FRCI ont aussi arrêté le général Bruno Dogbo Blé, qui commandait la redoutée Garde républicaine ivoirienne, pilier de l'appareil sécuritaire de l'ex-président Gbagbo. Les images de ce militaire arrêté en pyjama ont déjà été vues par de nombreux Ivoiriens.
En revanche, l'incertitude persistait concernant le sort de Charles Blé Goudé, chef des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, que le camp Ouattara avait dit vendredi avoir appréhendé, avant de se rétracter.

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