Ouattara dans l’embarras

Le président de la République doit être bien embêté par la guerre IB-Soro. Comment désamorcer la « bombe » d’Abobo, dont certains quartiers sont encore sous contrôle des hommes d’Ibrahim Coulibaly(IB), sans se mettre à dos celui-ci ou se brouiller avec son Premier ministre et ministre de la Défense, Guillaume Soro ? C’est là toute la difficulté d’Alassane Ouattara. Le nouveau chef de l’Etat aurait voulu ne pas avoir à gérer cette querelle fratricide opposant IB à Soro. Mais, pour consolider son pouvoir, il faudra bien pacifier Abobo et donc en finir avec le kyste que constitue le cas IB et son commando invisible. Pour ce faire, le chef de l’Etat devra soit trouver une solution négociée soit user de la force. Lors de la dernière rencontre avec les généraux de l’armée, il a manié le bâton et la carotte et surtout ramené IB à son ministre de la Défense qui n’est autre que Guillaume Soro. Mais celui-ci veut passer outre le patron de l’ex-rébellion, qu’il considère comme « son petit ». IB veut être reçu directement par Ouattara pour lui soumettre ses préoccupations et celles de ses hommes. Et c’est là qu’il y a problème. Le chef de l’Etat va-t-il accepter de recevoir IB au risque d’effaroucher Soro, qui a grandement contribué à l’aider à arracher son pouvoir ? Comment faire une place au chef du commando invisible dans la nouvelle armée sans courir le risque de frustrer son ministre de la Défense ? Avouons que les choses ne sont pas faciles pour Ouattara, qui se doit de gérer cette affaire avec beaucoup de tact. Partagé entre le souci d’éviter la reprise des combats à Abobo et la nécessité de ne pas fragiliser son sécurocrate en chef, le chef de l’Etat est face à un douloureux dilemme. Il lui faut pourtant trouver une solution au plus vite, consistant à aplanir le différend entre Soro et IB, au risque de mettre en péril son pouvoir si laborieusement acquis. Lui, qui a su faire la paix avec son aîné Henri Konan Bédié, devrait pouvoir trouver le moyen d’amener ces deux ennemis jurés à enterrer définitivement la hache de guerre.
Assane NIADA