samedi 27 août 2011

On rénove à coût de milliards, à combien construira-t-on ?


Après la guerre place à la reconstruction. C’est la démarche des autorités actuelles de la Côte d’Ivoire. Mais dans cette volonté de remettre le pays sur les rails, l’équilibre ne semble pas à la dépense. Surtout à une période où plus que jamais une gestion rationnelle des ressources s’impose.
La Côte d’Ivoire a cela de spécial, qu’elle n’effectue aucune dépense publique en dessous du milliard de Fcfa, son unité de valeur. Un paradoxe pour un Pays Pauvre Très Endetté (Ppte), qui interpelle plus encore aujourd’hui. Surtout quand le pays a la chance d’avoir à sa tête, un financier doublé d’économiste, que tout le monde nous envie, parce que réputé très rigoureux.
En effet, les premières dépenses publiques engagées dans le cadre de la reconstruction vont à l’endroit de secteurs essentiels comme la justice, la santé et l’éducation. A ce titre, 2 milliards de Fcfa ont été mobilisés pour la réhabilitation de la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (Maca),  plus de 3 milliards pour celle de l’abattoir de la même ville, de même que plus de 37 autres pour réhabiliter les Universités de Cocody, d’Abobo-Adjamé ainsi que l’Ecole Supérieure Interafricaine d’Electricité (Esie).

Attention à la dépense !
La volonté du gouvernement de remettre tout à neuf et de «faire retrouver à la Côte d’Ivoire son lustre d’antan», est tout de même louable. Il n’en demeure pas moins qu’elle devrait se faire avec mesure et parcimonie.
Comment pourrait-on raisonnablement justifier la rénovation d’une prison comme la Maca à plus de deux milliards de Fcfa ? D’autant plus que le résultat sur le terrain ne s’est résumé qu’à une réfection des cellules et des grilles de sécurité, défoncées pendant l’évasion massive des prisonniers. Qui ont tous pris la poudre d’escampette dans le feu de la crise post-électorale.
Aucun nouveau bâtiment, ni aucune cellule annexe n’y ont été construits. En somme la rénovation de la Maca a consisté en des travaux de plomberie, d’étanchéité, de peinture, de menuiserie  et de ferronnerie.
Et tout cela pour la coquette fortune de deux milliards de francs Cfa. Une somme qui aurait pu permettre, la construction d’autres pénitenciers dans une capitale où la criminalité va grandissante du fait de la prolifération des armes de tous calibres, occasionnée par la guerre.  Ce qui en plus d’induire la création d’emplois, permettrait une meilleure application de la justice, dans le respect des droits de l’Homme.
On peut en dire autant et même plus des plus de 40 milliards de Fcfa mobilisés pour les universités et l’abattoir de Port-Bouët. Si l’on réhabilite à coût de milliards, à combien construirons nous?

Eviter les mêmes erreurs
C’est une pratique longtemps décriée avec tous les régimes qui se sont succédés. On se souvient encore des surfacturations qui ont éclaboussées en son temps, le régime du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci).  Avec notamment, l’affaire des 18 milliards de l’Union européenne. De même que des errements du régime de la refondation, celui du président déchu, Laurent Gbagbo, en la matière.
Le changement que nous espérons aujourd’hui, c’est aussi à ce niveau là. La bonne gestion, la bonne gouvernance.
Il ne sert à rien de décrier avec véhémence ce genre de pratiques lorsqu’on est dans l’opposition et d’en faire autant, une fois au pouvoir. C’est ce qui a coulé le régime Gbagbo. A bon entendeur, salut !
Écrit par  Yves Marcel Youant

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