lundi 21 mars 2011

Des milliers de jeunes Ivoiriens s'enrôlent dans l'armée

Des milliers d'hommes ont répondu à l’appel de Charles Blé Goudé, chef des jeunes patriotes pro-Gbagbo, les invitant à s’enrôler dans l’armée pour "défendre la souveraineté de la Côte d’Ivoire", laissant craindre une escalade de la violence.Venus pour s’enrôler, des milliers de jeunes pro-Gbagbo se sont massés devant l’état-major de l’armée ivoirienne à Abidjan ce lundi, dès les premières lueurs de l’aube. Samedi, le chef des jeunes patriotes et ministre de la Jeunesse du gouvernement de Laurent Gbagbo les avait appelés à "libérer la Côte d’Ivoire"

Escalade de la violence

"Armer ces jeunes est suicidaire, c’est les conduire à l’abattoir", a pour sa part répondu le camp d’Alassane Ouattara par la voix d’Anne Ouloto, porte-parole du président élu et reconnu par la communauté internationale. L’appel à ces jeunes "désœuvrés et désarmés" est "la preuve que l’armée a lâché, que l’armée se désolidarise des actes de barbarie" de Laurent Gbagbo, a poursuivi celle-ci, faisant allusion à la mort d’une trentaine de civils, jeudi dernier, dans le quartier pro-Ouattara d’Abobo à la suite de bombardements attribués par l’ONU aux FDS.
Pour Drissa Traoré, président du Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH), l’appel de Charles Blé Goudé peut en effet "laisser penser qu’il y a un problème dans l’armée. Les FDS n’ont peut-être pas suffisamment d’hommes ou certains soldats refusent peut-être de combattre", suggère-t-il.
Celui-ci craint en outre que cette initiative conduise à transformer l’armée régulière ivoirienne en milice. "Le risque est d’assister à une multiplication des massacres de civils", poursuit-il. "Nous sommes surpris que ce soit Charles Blé Goudé qui appelle l’armée à recruter. C’est en effet à la hiérarchie militaire de procéder au recrutement selon des critères précis. Là, la voie régulière n’existe plus", explique encore Drissa Traoré.
L’enrôlement de jeunes partisans de Laurent Gbagbo dans l’armée intervient alors que, sur le terrain, les FDS éprouvent des difficultés croissantes à contenir les coups de boutoirs de son adversaire. Bloléquin, une cinquième ville de l’ouest du pays, est ainsi tombée aux mains de l’ex-rébellion des Forces nouvelles, qui soutient Alassane Ouattara, ce lundi, tandis que, à Abidjan, le "commando invisible", qui se cantonnait jusqu’à présent à harceler les FDS à Abobo, n’hésite plus à porter le combat dans les quartiers du sud de la capitale ivoirienne.
Depuis le début de la crise post-électorale, les affrontements entre les partisans de Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara ont déjà fait quelque 440 morts, selon l’ONU, et contraint des dizaines de milliers d’Ivoiriens à quitter le pays.

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