mardi 29 mars 2011

Paternalisme et résurgence du néocolonialisme


Une situation qui est loin d’arranger l’image de la France, quand on sait que dans sa politique elle ne défend pas toujours les valeurs qui sont les siennes mais plutôt ses intérêts, au mépris parfois des principes les plus élémentaires du point de vue des droits de l’Homme et de la démocratie. Certaines pseudo-démocraties sont ainsi soutenues pendant que d’autres sont décriées, c’est le fameux «deux poids, deux mesures». La Tunisie et l’Egypte en constituent l’illustration la plus éloquente, et l’engagement de Nicolas Sarkozy en Libye n’est pas étranger à cet état de fait.
En Afrique noire, le fort sentiment de résurgence du paternalisme et du néocolonialisme avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir contraste avec l’image que l’on avait de la France jusqu’à une époque récente, encore sous Jacques Chirac. Même si, dans le fond, la politique africaine de la France n’a pas changé. Le tollé général suscité par le discours de Sarkozy à Dakar selon lequel «l’Afrique n’est pas assez entrée dans l’Histoire» n’a pas non plus contribué à améliorer l’image de marque de la France en Afrique —bien au contraire.
Dans des pays du Maghreb comme le Maroc ou la Tunisie, la présence de plus en plus massive d’Européens n’est pas toujours bien perçue, surtout par des nationaux qui vivent de plus en plus mal avec la cherté de la vie et la flambée des prix de l’immobilier, dûe à l’installation de plus en plus d’Européens —et plus particulièrement de Français. Des Maghrébins qui ne comprennent pas que les leurs fassent l’objet de vives discriminations en France cependant que leurs dirigeants accueillent les Français dans leurs pays en leur offrant toutes les facilités.
Mais c’est avec la crise en Côte d’Ivoire qu’elle a pris le plus grand coup. Les relations houleuses que l’ancienne puissance colonisatrice a entretenues avec le régime du président Laurent Gbagbo font que les manifestations antifrançaises y sont quasiment quotidiennes. Au point de fait dire au leader des «jeunes patriotes», Charles Blé Goudé, que «la Côte d’Ivoire n’est pas une sous-préfecture de la France». Un point de vue largement partagé en Afrique, y compris par ceux qui ne soutiennent pas Gbagbo.
De toute évidence, au regard de ce qui se passe un peu partout en Afrique, la France a tout intérêt à redorer son blason, terni par l’absence d’une politique et d’une diplomatie efficaces vis-à-vis du continent et surtout de ses peuples, avec lesquels subsistent beaucoup d’incompréhensions —en l’occurrence sur les valeurs qui fondent la République française et qu’elle défend. Des valeurs affichées et revendiquées, et qui offrent un contraste saisissant avec ses agissements en Afrique.

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