lundi 18 avril 2011

La crise ivoirienne et la révolte arabe se propagent au Burkina

Soldats mutins et jeunes insurgés: le régime de Blaise Compaoré paie son soutien à Ouattara et l’usure d’un pouvoir corrompu

Après une semaine de mutinerie qui fait tache d’huile dans les casernes du Burkina Faso, de violentes manifestations de jeunes ont eu lieu hier à Koudoukou, la ville d’où la contestation contre le régime de Blaise Compaoré est partie après la mort d’un étudiant tabassé par la police, le 20 février dernier.
Un printemps africain fleurit-il au Burkina Faso? Ou le pays voisin de la Côte d’Ivoire paie-t-il son engagement dans la crise opposant Gbagbo à Ouattara? A ces deux questions, Frédéric Lejeal, rédacteur en chef de La Lettre du Continent, répond par l’affirmative. «Le déclenchement d’une mutinerie de soldats quatre jours après la capture de Laurent Gbagbo n’est sans doute pas le fait du hasard. Blaise Campaoré soutenait Ouattara et ses troupes ont prêté main-forte à son offensive victorieuse. En 2002 déjà, la rébellion du nord était partie du Burkina Faso. L’infiltration de militaires pro-Gbagbo fomentant la révolte n’est pas un scénario à exclure», estime le spécialiste du Burkina Faso.
«La mort de l’étudiant Justin Zango a été le catalyseur d’un sentiment grandissant d’injustice. Depuis l’assassinat non élucidé du charismatique chef d’Etat et révolutionnaire Thomas Sankara en 1987, du journaliste d’investigation Norbert Zongo en 1998, plusieurs responsables syndicaux, étudiants, journalistes ont disparu. Et un sentiment d’impunité a écœuré la société civile. En outre, la crise ivoirienne a enrichi de façon insolente l’élite burkinabée qui a profité de la coupure du pays voisin pour trafiquer le cacao, le coton et les diamants», note Frédéric Lejeal.
Au pouvoir depuis 1987, voire un peu plus puisqu’il fut le bras droit de Sankara, Blaise Compaoré s’est fait réélire avec un score de plus de 80% des voix en novembre dernier. Mais en réalité, il est usé. Il a en outre torpillé l’opposition, neutralisé tous les corps intermédiaires. Il se retrouve donc «avec des jeunes incontrôlables face à lui, majoritaires parmi les onze millions d’habitants, et confronté à la frange paupérisée de l’armée».
«Le destin de Ben Ali, poursuivi trois semaines après sa chute, a fait réfléchir en Afrique subsaharienne. Les oppositions sur le continent sont très motivées par ce droit de regard de la communauté internationale sur les dirigeants africains. Si Laurent Gbagbo est traduit devant une Cour internationale, ce sera sans doute un signal encore plus fort dans cette partie de l’Afrique», conclut le responsable de la lettre confidentielle.

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