L'armée française a pris le contrôle de l'aéroport d'Abidjan en vue de faciliter le départ des étrangers alors que les combats se poursuivaient dimanche dans la ville autour des derniers bastions du président sortant Laurent Gbagbo.
En France, la réunion sur la Côte d'Ivoire autour du président Nicolas Sarkozy a débuté peu avant 16h30, après l'arrivée à l'Elysée de Gérard Longuet, ministre de la Défense, et d'Edouard Guillaud, chef d'état-major des armées.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a de son côté demandé à Alassane Ouattara, le président ivoirien reconnu par la communauté internationale, de prendre des mesures contre ceux qui ont pris part au massacre de 800 personnes dans l'ouest du pays.
En plus de la prise de contrôle de l'aéroport de la capitale économique, Paris a envoyé 300 soldats en renfort.
Soixante dix-sept personnes, pour la plupart des français ont été évacués d?Abidjan vers Lomé dans la nuit de samedi à dimanche par les autorités françaises, a-t-on appris auprès de l?ambassade de France au Togo.
Selon un communiqué de l?ambassade, transmis à l?AFP, "il ne s?agit nullement d?une évacuation générale, mais d?une possibilité de mise à l?abri provisoire sur la base du volontariat".
Dans ce climat déjà très tendu, la télévision d'Etat ivoirienne contrôlée par le camp Gbagbo a entamé dimanche la diffusion de violents messages contre la France.
"Le génocide rwandais se prépare en Côte d'Ivoire par les hommes (du président français Nicolas) Sarkozy. Ivoiriennes, Ivoiriens, sortons massivement et occupons les rues", lançait un bandeau défilant.
"L'armée française occupe l'aéroport Félix Houphouët-Boigny (d'Abidjan), nous sommes en danger", affirmait un autre bandeau.
L'offensive éclair du président reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, lui avait pourtant permis depuis lundi de prendre sans grande résistance tout le pays avant de rentrer jeudi dans la capitale économique.
Replié sur les symboles du pouvoir - palais, résidence, télévision d'Etat RTI -, il a très vite démontré qu'il n'entendait pas abdiquer ni prendre le chemin de l'exil.
Toute la journée de samedi, la chaîne avait diffusé des appels à la mobilisation, les militaires devant regagner des points de ralliement, les civils former un "bouclier humain" autour de la résidence du président sortant.
Si le rapport de force restait à l'avantage des troupes de M. Ouattara, leur marche sur Abidjan est toutefois ternie par de graves accusations de massacres de civils.
Selon l'ONU et plusieurs organisations internationales, la prise mardi par les combattants pro-Ouattara de Duékoué, important carrefour de l'Ouest ivoirien, s'est accompagnée de massacres à grande échelle, les bilans allant de 330 tués à un millier de "morts ou disparus".
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) évoque "au moins 800 morts" pour la seule journée du 29 mars, parlant de "violences intercommunautaires", et l'ONG catholique Caritas fait état d'"un millier de morts ou disparus" entre les 27 et 29 mars.
Si le bilan provisoire de la Mission de l'Onu en Côte d'Ivoire (Onuci) est pour l'instant le plus bas (330 morts entre les 28 et 30 mars), c'est la seule organisation à désigner des coupables.
Selon l'Onuci, "la plupart" des 330 morts de Duékoué ont été tués par des combattants pro-Ouattara, les autres l'ayant été essentiellement par des miliciens et mercenaires libériens de M. Gbagbo.
Le camp Ouattara a vivement contesté ces "allégations", affirmant que tous les tués étaient des "miliciens", donc des combattants armés, et non des "civils".
Ces graves accusations sur de possibles "crimes de guerre" sont d'autant plus embarrassantes pour M. Ouattara qu'elles proviennent de l'Onuci, qui assure sa protection et a validé sa victoire à la présidentielle du 28 novembre.
L'image internationale de M. Ouattara pourrait s'en trouver gravement abîmée. Pour la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, "les forces du président Ouattara doivent se montrer à la hauteur des idéaux et de la vision exprimés par leur chef élu".
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