Après l’Afghanistan, la Libye et la Côte d’Ivoire : la France multiplie les interventions militaires. Affaibli sur la scène politique intérieure, Nicolas Sarkozy pourrait tirer profit de ce rôle international de premier plan
Après le retard à l’allumage qu’a connu la diplomatie française lors des révolutions tunisienne et égyptienne, la France est désormais sur tous les fronts. “C’est un revirement total, explique Christian Bouquet, spécialiste de la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, la France ne se contente plus de discours. Elle agit.” Et réussit même à entraîner les Nations unies dans son sillage, et à impulser une opération controversée en Libye.
Une manière pour le gouvernement de redorer son blason ? “Le président de la République a trouvé une occasion de retrouver le lustre qu’il avait perdu après les révolutions tunisienne et égyptienne”, analyse le géopoliticien Gérard Chaliand. Si le chercheur estime que ces interventions étaient “cohérentes”, pour lui, il s’agit d’un “calcul politique évident”. D’autant que Paris est désormais en première ligne.
En Libye, son aviation est la plus engagée et en Côte d’Ivoire, avec des troupes aguerries et bien équipées, la France est le fer de lance d’une opération qui pourrait être l’ultime coup de pouce à Alassane Ouattara pour faire chuter son rival.
A la différence du dossier afghan, les engagements militaires récents bénéficient d’un soutien quasi unanime en France, même si quelques voix discordantes commencent à se faire entendre. Le NPA et LO ont très vite appelé à “l’arrêt immédiat des bombardements”, tout en dénonçant une “aventure militaire néocoloniale qui n’a rien à voir avec la défense des civils ivoiriens”.
“Il faut clarifier ce que fait Licorne en Côte d’Ivoire”, a pour sa part réclamé ce dimanche Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste. Si les interventions de la France finissent par s’enliser et que des bavures imputables aux forces françaises sont mises en lumière, un calcul jusque-là plutôt favorable au président de la République pourrait se retourner contre lui.
D’autant que ces actions militaires “ne lui feront pas ou peu gagner de points dans l’opinion, estime Frédéric Encel, maître de conférences à Sciences-Po Paris. Les élections présidentielles ne se sont jamais jouées sur des problématiques internationales”.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire